Rust est un langage de programmation compilé multi-paradigme conçu et développé par Mozilla Research depuis 2010[6]. Il a été conçu pour être « un langage fiable, concurrent, pratique »[7],[8], supportant les styles de programmation purement fonctionnel, modèle d'acteur, procédural, ainsi qu'orienté objet sous certains aspects[9].
Pour les articles homonymes, voir Rust et Mozilla.
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Date de première version | ![]() |
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Paradigmes | Impératif, fonctionnel, concurrent | |
Auteur | Graydon Hoare | |
Développeurs | Mozilla | |
Dernière version | 1.65.0 ()[1]![]() |
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Typage | Fort, statique | |
Influencé par | C++, Erlang, Haskell, Scala, OCaml, Scheme, Swift, C#, Alef, Limbo[2] | |
A influencé | Swift[3] | |
Écrit en | Rust![]() |
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Système d'exploitation | Multiplate-forme | |
Licence | Licence Apache version 2.0[4],[5] et licence MIT[4],[5]![]() |
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Site web | www.rust-lang.org![]() |
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Extension de fichier | rs![]() |
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En 2020, ses domaines de prédilection sont la programmation système, les applications en ligne de commande, les applications Web via WebAssembly, les services réseaux et les systèmes embarqués.
Du fait de la politique de Mozilla[10], Rust est entièrement développé de façon ouverte (les ingénieurs de Mozilla Research publient leurs idées et les décisions prises lors des réunions) et sollicite les remarques et contributions de la communauté. La conception du langage est graduellement améliorée au travers des retours de l'équipe travaillant sur le moteur de rendu Servo[11] et de façon pragmatique lors de l'écriture du compilateur. Bien que le projet soit financé par Mozilla, la majorité des contributions proviennent de la communauté.
Rust se veut un langage performant, sûr et productif[12].
Le langage peut notamment donner des garanties d'absence d'erreur de segmentation ou de situation de concurrence[13] dès l'étape de compilation. De plus, ceci se fait sans ramasse-miettes[14]. Ses performances sont comparables à celles de C ou C++[15] pour ce qui concerne la vitesse d'exécution.
Enfin, Rust est accompagné de Cargo, un gestionnaire de paquets permettant de gérer la compilation et les dépendances entre paquets. Le compilateur fournit des messages d'erreur explicites et utiles. Il existe aussi d'autres outils d'édition pour les EDI ainsi qu'une documentation abondante.
Le langage s'est développé à partir d'un projet personnel de Graydon Hoare, qui commença à travailler dessus en 2006. Son employeur, Mozilla, commença sa participation en 2009[16] et révéla officiellement ses travaux en 2010[17]. La même année, le projet passa du compilateur initialement utilisé (écrit en OCaml) au compilateur auto-hébergé écrit en Rust[18]. Ce compilateur, connu sous le nom de rustc, s'est compilé avec succès en 2011[19]. Le compilateur auto-hébergé utilise LLVM en arrière-fond.
La première version alpha numérotée du compilateur Rust apparait en janvier 2012[20].
La première version stable de Rust, 1.0, est sortie en 2015.
En 2017, Mozilla annonce que Rust supporte la compilation vers le jeu d'instruction de l'architecture RISC-V[21].
La syntaxe du langage est similaire à celle du C, étant constituée de blocs de code délimités par des accolades et de structures de contrôle comme if
, else
, while
et for
.
Cependant, la sémantique de Rust est assez différente. En effet, les blocs et les structures de contrôles sont des expressions, comme on peut le voir dans l'exemple :
let x = if n < 10 {n} else {n - 10};
En C, une telle opération n'est pas «intelligible» pour le compilateur; il faudra soit encapsuler le bloc conditionnel dans une autre fonction, soit utiliser un opérateur ternaire int x = (n < 10) ? n : n - 10;
.
L'utilisation d'expressions rapproche ainsi Rust de langages fonctionnels comme Haskell ou OCaml.
Dans la plupart des langages, une variable est modifiable par défaut. Rust inverse cette logique en privilégiant la constance : le mot-clé let
déclare par défaut des variables immuables (immutable variable en anglais) qui ne peuvent être affectées qu'une seule fois, mais dont la valeur peut être définie au moment de l'exécution. Il est nécessaire de rajouter le mot-clé mut
pour rendre une variable « mutable » ou « muable » : ainsi, on restreint les variables qui sont effectivement autorisées à changer. Le type des variables est inféré à chaque fois que c'est possible.
Pour les valeurs constantes connues à la compilation, le mot-clé const
remplace let
. Leur type doit être précisé et elles doivent être initialisées à partir d'une expression constante, excluant les résultats d'appels de fonctions[22].
fn main() {
// Déclaration de variables
let mut a = 5; // a est une variable modifiable
let b = a * 2; // b est non modifiable et du même type que a
// Constantes
const c: u32 = 5; // déclaration d'une constante entière non-signée
const c: u8 = b - 3; // interdit car `b - 3` n'est pas une expression constante (b non défini à la compilation)
const c = 5; // interdit car le type de c n'est pas précisé
// Altération
c = 3; // illégal car c est une constante
b = 3; // illégal car b est une variable immuable
a = 2; // autorisé car a est déclaré comme "mut"
let a = a + 5; // autorisé une nouvelle variable a est créée valant 7,
// l'ancienne variable a est "couverte" par la nouvelle (shadowing)
// Vérification des valeurs
assert_eq!(a, 5); // faux
assert_eq!(b, 10); // vrai
}
Rust permet la définition de types sommes (ou énumérations) à l'aide du mot-clé enum
. On peut utiliser ces types sommes avec du filtrage par motif, en utilisant par exemple le mot-clé match
.
Exemple :
// On crée un type « Forme » pour décrire des formes géométriques.
enum Forme {
Point, // une forme peut être un point, sans données attachées.
Rectangle(f64, f64), // une forme peut être un rectangle, caractérisé par les longueurs de ses côtés.
Cercle(f64), // une forme peut être un cercle, caractérisé par son rayon.
}
// Calcule l'aire d'une forme géométrique.
fn aire(f: Forme) -> f64 {
match f {
// Filtrage par motif avec « match »
Forme::Point => 0.0,
Forme::Cercle(rayon) => 3.14 * rayon * rayon,
Forme::Rectangle(cote_a, cote_b) => cote_a * cote_b,
}
}
Certaines énumérations font partie de la bibliothèque standard, comme Option, permettant d'éviter l'utilisation du pointeur NULL[23].
Afin de garantir la programmation générique, le langage Rust implémente son propre système de métaprogrammation basé sur les traits. Ainsi, un développeur souhaitant mettre en place une fonction générique sera dans l’obligation d’expliciter les différents traits utilisés dans sa fonction, son objet ou sa méthode.
Exemple de l’implémentation du tri-bulle de manière générique:
fn tri_bulle<T: std::cmp::PartialOrd>(liste: &mut Vec<T>) {
// Ici, on a besoin de l’opérateur de comparaison < implémenté par le trait
// PartialOrd
let mut i = 0;
while i < (liste.len() - 1) {
if liste[i] < liste[i + 1] {
liste.swap(i, i + 1);
i = 0;
} else {
i += 1;
}
}
}
Ainsi, toute liste de valeurs supportant l’opérateur de comparaison < pourra être passée comme argument pour cette fonction.
Les traits sont assimilables aux interfaces en java ou aux classes abstraites en C++: Ils définissent les méthodes qui seront proposées par les structures les implémentant. Ils sont des composants centraux du langage, étant donné que les opérations comme les additions sont définies via l’implémentation de traits. Ces derniers peuvent également proposer une implémentation générique de certaines de leur fonctions à condition que ces dernières ne requièrent pas l’utilisation de données stockées dans les objets.
Exemple de définition d‘un trait:
trait Polygone {
fn nombre_cotes(&self) -> usize;
fn points(&self) -> Vec<(f32, f32)>;
// Il n’existe pas de méthode simple et générique pour calculer l’aire d’un
// polygone
fn aire(&self) -> f32;
fn perimetre(&self) -> f32 {
let mut ret = 0.0;
let points = self.points();
for i in 1..points.len() {
ret += f32::sqrt(
f32::pow(points[i].0 - points[i - 1].0, 2)
+ f32::pow(points[i].1 - points[i - 1].1, 2),
);
}
return ret;
}
}
Pour obtenir des garanties de sûreté, Rust utilise les concepts d'ownership (propriété ou possession) et de borrowing (emprunt).
Ainsi, une valeur a toujours un seul propriétaire. Si la valeur change de propriétaire, l'ancien propriétaire ne peut plus l'utiliser.
Par exemple :
fn prend_possession(v: Vec<i32>) {
// Cette fonction prend possession de son paramètre v et ne la rend pas.
println!("{:?}", v);
}
fn main() {
let mut a = vec![1, 2, 3]; // a est le propriétaire du vecteur.
let mut b = a; // b est maintenant le propriétaire du vecteur.
// pas clair,
a.push(4); // erreur de compilation : a n'a plus le droit d'utiliser ce vecteur
prend_possession(b);
b.push(5); // erreur de compilation : b n'a plus le droit d'utiliser ce vecteur
}
Pour utiliser une valeur à plusieurs endroits à la fois, il est possible de prêter cette valeur en créant des références.
Il est possible de créer :
&
.& mut
.En particulier, il n'est pas possible de mélanger les références muables et immuables.
Exemple :
fn take_reference(v: &Vec<i32>) {
// Cette fonction prend une référence vers un vecteur
println!("{:?}", v);
}
fn correct() {
let a = vec![1, 2, 3];
let ref_1 = &a;
let ref_2 = &a;
// On crée plusieurs références immuables vers a que l'on peut passer à des fonctions.
// Faire ceci ne serait pas possible si l'on travaillait avec une fonction qui prend
// l'ownership de a.
take_reference(ref_1);
take_reference(ref_2);
}
fn incorrect() {
let mut a = vec![1, 2, 3];
// Ce code ne compile pas.
// En effet, on travaille à la fois avec une référence muable vers a (ref_1),
// et à la fois avec une référence immuable vers a (ref_2).
let ref_1 = &mut a[0];
let ref_2 = &a;
println!("{}", *ref_1);
take_reference(ref_2);
}
Rust repose sur des concepts connus et éprouvés (d'où le nom Rust, « la rouille » en anglais) et n'intègre pas de concepts nouveaux et non testés[24][réf. obsolète][25]. Ces concepts ont été empruntés à des langages de programmation existants et assemblés dans un seul langage[26] :
Rust est souvent décrit comme l'un des successeurs potentiels de C et C++[27] (avec D et, dans une moindre mesure, Go) notamment grâce à sa sûreté et sa rapidité — c'est un objectif clairement affiché par les développeurs.
// This is the main function
fn main() {
// The statements here will be executed when the compiled binary is called
// Print text to the console
println!("Hello World!");
}
use std::mem;
// This function borrows a slice
fn analyze_slice(slice: &[i32]) {
println!("first element of the slice: {}", slice[0]);
println!("the slice has {} elements", slice.len());
}
fn main() {
// Fixed-size array (type signature is superfluous)
let xs: [i32; 5] = [1, 2, 3, 4, 5];
// All elements can be initialized to the same value
let ys: [i32; 500] = [0; 500];
// Indexing starts at 0
println!("first element of the array: {}", xs[0]);
println!("second element of the array: {}", xs[1]);
// `len` returns the size of the array
println!("array size: {}", xs.len());
// Arrays are stack allocated
println!("array occupies {} bytes", mem::size_of_val(&xs));
// Arrays can be automatically borrowed as slices
println!("borrow the whole array as a slice");
analyze_slice(&xs);
// Slices can point to a section of an array
println!("borrow a section of the array as a slice");
analyze_slice(&ys[1..4]);
// Out of bound indexing yields a panic
println!("{}", xs[5]);
}