L'APL (initialement A Programming Language, officieusement Array-Processing Language[1]) est un langage de description de traitement de l'information devenu ensuite langage de programmation conçu entre 1957 et 1967 à Harvard par Kenneth Iverson pour décrire commodément des opérations globales sur des tableaux (booléens, numériques ou, dans une moindre mesure, de caractères). Iverson décrivait la grammaire de son langage comme similaire à celle d'un langage naturel (substantifs, verbes, adverbes, conjonctions, copules et ponctuation)[2]. Le langage n'utilise cependant pas de mots, mais beaucoup de signes, chacun correspondant à un concept précis[3],[4].
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APL | ||
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Date de première version | 1966 | |
---|---|---|
Paradigme | matriciel, Fonctionnel, Programmation structurée, tacite | |
Auteur | Kenneth E. Iverson | |
Développeur | Larry Breed, Dick Lathwell, Roger Moore et al. | |
Dernière version | ISO/IEC 13751:2001 () | |
Typage | dynamique | |
Influencé par | Notation (mathématiques) | |
A influencé | Langage J, Matlab, A+ | |
Implémentations | APL\360 APL\1130 APL*Plus Sharp APL APL2 Dyalog APL NARS2000 APLX GNU APL | |
Système d'exploitation | Multiplate-forme, Windows, GNU/Linux, Mac OS X | |
Licence | propriétaire, GPL | |
Extensions de fichiers | .apl | |
modifier ![]() |
Révolutionnaire à son lancement (usage du terminal à boule ou à écran alors que la carte perforée ou le télétype ASR33 (en) restaient encore la référence, aucune déclaration nécessaire, typage et dimensionnement des variables inutile, gestion dynamique de mémoire, interactivité totale, concision par traitement direct des tableaux évitant l'écriture de boucles, persistance), il connut un succès croissant jusqu'au milieu des années 1980, époque où le tableur le concurrença pour les petits travaux, et des outils comme SAS, puis R pour le travail sur de plus grands volumes de données que ceux des tableurs de 1985.
En 2020, la disponibilité de processeurs très rapides adressant plusieurs gigaoctets de mémoire vive et l'existence d'interpréteurs Open Source peuvent le rendre à nouveau intéressant pour un public de passionnés[5],[6]. Rob Pike, créateur du langage Go, en parle en 2014 avec enthousiasme[7] et en 2020, il livre au public le code source du langage Ivy, une fondation d'APL en langage Go[8].
Dans sa version GNU APL, il est même utilisable comme langage de script.
Note : Vérifiez que votre navigateur accepte bien l’Unicode ; dans le cas contraire, vous verrez s’afficher des rectangles blancs ou des points d’interrogation à la place des caractères APL. Cette question est détaillée sur la Toile[9]. Aujourd'hui (2017) les navigateurs sur PC comme Mozilla Firefox ou Microsoft Edge ne posent aucun problème pour afficher les caractères APL en Unicode. Quelques problèmes d'affichage résiduels subsistent encore sur tablettes Android.
Les exemples sont donnés en double : une forme de copie d'écran dont le rendu sera correct quel que soit le navigateur que vous employez, et une en forme de texte que vous pouvez copier/coller par exemple dans NARS2000 (voir plus bas) pour l'exécuter, éventuellement avec quelques variantes. Le rendu de la page dépendra de votre police et de votre niveau de zoom par défaut. Vous pouvez les modifier, par exemple sur un PC par Ctrl+molette de la souris, en fonction de la résolution de votre écran.
Un historique en anglais d'APL est donné en PDF dans IBM Systems Journal, volume 30, no 4 (1991)[10]. Un décrivant ses progrès depuis 1978 existe également[11].
APL s’est montré particulièrement adapté dès ses débuts aux calculs statistiques, aux ventilations, aux consolidations, aux descriptions fonctionnelles d’architectures comme celle de l’IBM 360, aux graphiques interactifs (GRAPHPAK) et à quelques travaux en combinatoire et en théorie des graphes. Il a également été utilisé pour le prototypage d’applications et l’écriture de langages de manipulation simples dans le cadre d’un infocentre en masquant les symboles appropriés sous des dénominations commodes et parlantes, par exemple en permettant d’écrire simplement :
MOYENNE X pour (+/X)÷⍴X.
"(Somme des éléments de X), divisée par le nombre d'éléments de X)"
NORMALISER X pour X÷+/X
"Diviser chaque élément de X par la somme de tous les éléments de X"
etc.
Si l'on envisage des tableaux gigantesques, la notion de MapReduce n'est pas loin[12], et de fait plusieurs implémentations d'APL utilisent, sans que l'utilisateur ait à en coder l'utilisation lui-même, le parallélisme du matériel (voir plus bas).
Il permet de manipuler aisément des tableaux de N dimensions (N variant de 7 à 255 selon l’implémentation considérée, avec des tailles de 0 à 65000 et plus sur chaque dimension) de façon globale. Les opérations puissantes, calculs de feuilletage (lamination) ainsi que les opérateurs de réduction /
, expansion \
, produit intérieur .
et produit extérieur ∘.
et les opérations de compression / évitent souvent toute nécessité d’indices de boucle explicite - ainsi d’ailleurs que l’usage de boucles lui-même.
Iverson insistait sur le fait qu'APL était un langage de pensée tout autant qu'un langage de programmation. C'est en effet une notation mathématique rigoureuse et concise[13].
Les symboles APL représentant des opérations utilisables en programmation comme en calcul immédiat à la console, par exemple le « domino » ⌹
qui inverse directement une matrice carrée, ou résout un système d’équations linéaires surdimensionné au sens des moindres carrés si la matrice est rectangulaire :
a←2 2⍴⍳4 ⌹a ¯2 1 1.5 ¯0.5
On estimait dans les années 1970-80 qu’une équipe de 5 développeurs APL avait la puissance de développement d’une équipe de 25 programmeurs FORTRAN[14]. L’application APL se montrait plus gourmande en ressources matérielles, mais le prix de celles-ci était en constante diminution. En 2013, son adaptation à la programmation agile lui donne un regain d'intérêt pour toutes les applications à mettre en place ou faire évoluer rapidement, aussi bien que pour les applications à courte durée de vie. Il a été utilisé entre autres[15] par la NASA, British Airways, la Banque de France (études économiques éclair), la Direction générale des Finances publiques française (impact fiscal de lois nouvelles), etc.
Après avoir connu le creux de la vague en 2009, l'intérêt pour ce langage remonte significativement depuis[16].
Depuis 2013 également, il est proposé pour la réalisation de servlets[17].
Son interface initiale (bicolore en mode machine à écrire) a inspiré celle de logiciels comme Maple.
APL innovait à son lancement par plusieurs aspects conviviaux :
Ainsi pour écrire « Hello, World! » en APL, les choses se passent ainsi :
Bonjour, le monde ! ⍝ réponse du terminal
4 5 7 9
Il faut y ajouter la possibilité spectaculaire d’indexer un tableau par un autre tableau. Ainsi :
THE CAT
Voire :
THE
CAT
Pas de traduction automatique ici ni dans un cas ni dans l'autre : l'indice a simplement été remplacé par ce qui était indicé (ainsi T est le septième caractère), ce qui est le propre de l'opération d'indexation. Ce qui est indicé prend également la forme de l'indice (ainsi, une matrice 2x3 dans le second cas)[18].
Grâce à sa priorité de droite à gauche, le langage se lit simplement, comme une langue naturelle : « 1 plus somme des inverses des factorielles des entiers de 1 à 30 » s'écrira :
2.718281828
Le même résultat (c'est-à-dire la valeur de e) peut s'obtenir en frappant directement *1, ce qui signifie exponentielle 1.
L'APL des origines ne connaissait que scalaires et tableaux (numériques ou de caractères). Il gère maintenant des tableaux de tableaux et permet également à l'utilisateur de définir lui-même ses propres « opérateurs »[19].
Il travaille également en nombres complexes automatiquement si les besoins du calcul le demandent. La valeur s'écrit
0J1
et en conséquence 0J1*2
donne ¯1J0
. NARS2000 reconnaît pour sa part non seulement les nombres complexes, mais également les quaternions[20],[21] : si l'on écrit 0+1J
, le système l'imprime - et l'interprète - comme 0i0j1k0
et 0i0j1k0*2
vaut bien entendu ¯1i0j0k0
. Les octonions sont également supportés (1i2j3k4l5ij6jk7kl8
).
Le caractère ⎕
se lit "quad".
1 2
3 4
0 1
0 0
1 2 1 2
3 4 3 4
1 2 5
3 4 5
1 2 3
3 4 7
1 2
3 4
4 6
même chose suivant l'autre axe : colonnes
1 2
3 4
0 0
0 0
concaténation en créant une nouvelle dimension : la matrice devient cube
1 2
0 0
3 4
0 0
Cette opération a créé une nouvelle dimension sur un autre axe.
Le produit externe alias cartésien, crée des tableaux à partir de vecteurs, à la manière d'une table de multiplication :
1 2∘.+10 20 30 11 21 31 12 22 32 ⎕←a←,1 2∘.+10 20 30 11 21 31 12 22 32 a[⍋a] 11 12 21 22 31 32
La primitive ⍋, que l'on nomme grade-up, fournit la permutation qui classe en ordre croissant les éléments d'un vecteur (et non ce vecteur classé lui-même). En d'autres termes, a[⍋a] renvoie toujours un vecteur trié, et ⍋a toujours un vecteur de permutation formé des éléments de ⍳⍴a permutés, ce qui constitue un moyen concis et économique de créer et combiner des permutations[23]. De telles permutations s'obtiennent facilement par tirage exhaustif : 52?52 pour un tirage de 52 cartes parmi 52.
Les symboles ensemblistes (∊, ∪, ∩, ⊆, ⊇, ⍦...) existent en APL, et font l'objet d'extensions particulières permettant de travailler en ensembles simples (dont chaque élément d'apparaît qu'une fois) ou bien multisets dont chaque élément peut apparaître plusieurs fois, utiles pour les combinaisons de Bose-Einstein[24]
Selon que les éléments de ces ensembles possèdent une identité propre ou au contraire non (c'est-à-dire sont indiscernables), il existe douze façons bien distinctes (en) de traiter les ensembles.
De même qu'une fonction agit sur une ou plusieurs variables, un opérateur agit sur une ou plusieurs fonctions (ou opérations). Pour prendre une comparaison mathématique, « sigma » et « pi » correspondent à l'opérateur APL de réduction (« / ») appliqué aux opérations « + » et « × ». Sigma (somme de termes) s'écrit +/, « pi » (multiplication entre termes) ×/, « union » (ou logique entre termes) ∨/, « conjonction » ("et" logique entre termes) ∧/, etc. On parle, dans d'autres langages, de clôture (closure).
Dans la première version d’APL, les opérateurs sont définis de façon fixe (réduction (/), scan (\), produit externe (°.), composition (.)...). En APL2, l’utilisateur peut fabriquer les siens à volonté et leur donner des noms. Un opérateur peut agir indifféremment sur des opérations de base du langage ou sur des fonctions définies par l’utilisateur dans son workspace.
APL2 introduit également l'opérateur tréma (¨, nommé each), généralisant au niveau de chaque sous-tableau une opération dans les tableaux de tableaux.
⍳4 1 2 3 4 ⍳¨⍳4 1 1 2 1 2 3 1 2 3 4 ⍝ La fonction système ⎕fmt ("quad fmt") affiche cela plus clairement ⎕fmt ⍳¨⍳4 ┌4──────────────────────────┐ │┌1┐ ┌2──┐ ┌3────┐ ┌4──────┐│ ││1│ │1 2│ │1 2 3│ │1 2 3 4││ │└~┘ └~──┘ └~────┘ └~──────┘2 └∊──────────────────────────┘ ⊃⍳¨⍳5 1 0 0 0 0 1 2 0 0 0 1 2 3 0 0 1 2 3 4 0 1 2 3 4 5 ⎕fmt ⊃⍳¨⍳5 ┌5────────┐ 51 0 0 0 0│ │1 2 0 0 0│ │1 2 3 0 0│ │1 2 3 4 0│ │1 2 3 4 5│ └~────────┘ 6 2⍕⌹⊃⍳¨⍳5 1.00 ¯0.00 0.00 ¯0.00 0.00 ¯0.50 0.50 ¯0.00 0.00 ¯0.00 ¯0.00 ¯0.33 0.33 0.00 0.00 0.00 0.00 ¯0.25 0.25 ¯0.00 ¯0.00 ¯0.00 0.00 ¯0.20 0.20
Voir note [25].
Une opération nommée enclose (⊂) permet d’encapsuler un tableau qui est alors vu comme un scalaire. Il est dès lors facile de représenter des structures complexes sous forme de tableaux ayant pour éléments d’autres tableaux. L’existence d’une fonction execute (⍎)[26] permet même d’inclure dans ces tableaux de tableaux des désignateurs de fonction que l’on peut exécuter à la demande, comme en langage C. Elle permet aussi à un programme d’engendrer lui-même un code qu’il exécutera ensuite, comme en Lisp ou en Haskell : les fonctions sont alors juste des types de variables particuliers. Voir programmation fonctionnelle.
Le nombre d'indices d’un tableau est par convention nommé rang (rank) en APL (à ne pas confondre avec le rang d'une matrice en algèbre linéaire) et est toujours retourné par ⍴⍴. Le nombre de niveaux d’un tableau de tableaux est nommé profondeur (depth) et retourné par ≡.
L’utilisateur travaille dans un espace de travail (workspace) où il stocke ses fonctions et ses variables. Il peut à tout moment sauvegarder l’ensemble (y compris en état d’exécution suspendue) et reprendre plus tard son travail exactement dans les conditions où il l’avait laissé, y compris dans l'état où il aurait interrompu un programme en cours[27]. Des commandes comme )COPY et )PCOPY, et la notion de groupe permettent des transferts aisés de fonctions et de variables d’un workspace à un autre (un groupe est un nom donné à un ensemble de fonctions et de variables qui travaillent ensemble, permettant de les importer toutes en même temps sans détailler leurs noms ni importer tout l'espace de travail).
Les APL commerciaux sont fournis avec plusieurs bibliothèques d'espaces de travail d'exemples, exécutables et modifiables. En APL2 d'IBM, ces bibliothèques portent des numéros )LIB 1, )LIB 2, etc. (voir figure de gauche).
Chaque objet APL2 (variable, fonction ou opérateur) est automatiquement horodaté dans l'espace de travail (workspace), ce qui facilite sa gestion sur le long terme. Le type et la date des objets sont retournées par la fonction système ⎕AT (=ATtributes). Couplé aux opérations de tri ⍋ (grade-up) et ⍒ (grade-down), cet horodatage des objets facilite beaucoup le processus de développement.
⎕NL (=Name List) ramène la liste des éléments de la zone de travail, ⎕NL 3 ramène la liste de ses seules fonctions. Comme on le voit, la concaténation horizontale de tableaux de nature différente juste par une virgule rend aisés les affichages.
En NARS2000, la fonction système ⎕vr liste de plus une fonction avec ses numéros de ligne, la dernière ligne contenant son horodatage. Le résultat est un simple vecteur de caractères contenant quelques caractères de retour ligne, la colorisation standard des caractères étant effectuée par le système
Les tournures idiomatiques APL les plus utiles furent collationnées dans les universités au moins depuis 1977[28] et leur liste reste mise à jour sur un wiki[29] en Unicode.
Quelques-unes de ces tournures concernent le premier APL, qui ne possédait pas les tableaux de tableaux; elles restent valides aujourd'hui, bien qu'APL2 permette d'en simplifier plusieurs. IBM met à disposition une version adaptée à APL2[30], dont les exemples peuvent être copiés/collés dans un interpréteur, ainsi que l'espace de travail IDIOMS dans son TRYAPL2 gratuit destiné au DOS ou à une DOSBox quelconque. Dyalog APL met à disposition sa propre liste[31]. Les consulter est utile pour se familiariser avec le mode de pensée propre à APL et découvrir concrètement l'usage de ses primitives et opérateurs.
Stanley Jordan a présenté à l'ACM une communication sur l'usage de phrases APL pour assister la composition musicale[32]
Enfin, le site rosettacode donne plusieurs exemples de petits problèmes avec leur résolution en APL ainsi que (de façon en général moins concise) dans d'autres langages : https://rosettacode.org/wiki/Category:APL
Quatre grandes implémentations en Open Source d'APL sont téléchargeables gratuitement :
!508
, factorielle 508; dont le résultat comporte 1156 chiffres). Les quotients de tels entiers géants sont conservés en interne sous forme de rationnels avec un numérateur et un dénominateur de précisions illimitées également. La version 0.5.19.0 de juillet 2019 autorise les espaces soulignés dans l'écriture des nombres (exemple 1_000_000) et introduit une nouvelle commande )BOX. )BOX OFF
est le fonctionnement normal. )BOX ON
réalise un ⎕fmt
automatique pour chaque sortie.⎕pp
(précision d'affichage) et ⎕fpc
(précision des flottants) permettent de limiter la taille des affichages et la précision des flottants étendus à ce qui est jugé strictement nécessaire.(√2±)*2 2v±2.4E¯38v ⎕fpc←200 (√2±)*2 2v±5E¯60v ⌹2 2⍴⍳4± ¯2v±6.6E¯60v 1v±3.7E¯60v 1.5v±4E¯60v ¯0.5v±1.7E¯60v a⌹a←2 2⍴⍳4± 1v±3.3E¯60v 0v±5E¯60v 9.334522963E¯61v±1.4E¯60v 1v±3.7E¯60v
Des interpréteurs APL ont existé pour l’IBM 7090, les IBM 360 à zSeries (sous TSO, VM/CMS et même CICS!), l’IBM 1130, le Xerox XDS Sigma 7 alias CII 10070, et le CII Iris 80, le Bull DPS-7, le Burroughs B5500, le Bull SEMS T1600 (ex-Télémécanique Électrique T1600), la série des Mitra, etc.
La Sligos avait écrit en 1976 un APL pour Iris 80 (CII) afin d'offrir ce langage en service de télétraitement. Le projet fut abandonné quelques mois après sa réalisation pour des raisons de performances insuffisantes lors de la montée en charge. Les espaces de travail destinés à la migration du 370 vers l'Iris 80 furent légèrement modifiés pour permettre la migration inverse.
APL était aussi fourni directement en ROM dans des ordinateurs personnels du début des années 1970 (avant Apple, donc) comme le MCM-70, qui possédait un affichage d'une ligne[52], ou l’IBM 5110 modèles A et C.
Des versions station de travail et ordinateur personnel en ont aussi été commercialisées ou réalisées gratuitement pour AIX, Solaris, Linux, Windows, Mac OS, OS/2. Il en existe même pour le DOS (version gratuite nommée TRYAPL2, en version anglaise comme française; la francisation a été réalisée par l'AFAPL[53])... ainsi que pour Android[54] !
La société Microsoft avait entrepris deux implémentations du langage sur 8080 et 6800, d'après une lettre de Bill Gates aux utilisateurs de l'Altair BASIC[55]. Le succès de DOS, de Windows et surtout des tableurs Multiplan et Excel fit abandonner ce projet, qui aurait eu un public potentiel bien plus restreint : le très grand public réclamait alors des applications clés en main (à l'exemple de VisiCalc sur Apple II) et non des langages pour les programmer eux-mêmes.
Le mécanisme d’échange dit des processeurs auxiliaires permet à des workspaces APL de communiquer avec le monde extérieur : fichiers, SQL/DB2, TCP/IP, X-window, OpenGL, ainsi qu'autres workspaces APL et consoles du réseau actives au même moment si celles-ci en donnent l’autorisation. On peut ainsi commencer à mettre au point un calcul sur un PC, puis une fois qu’il est au point l’exécuter à distance sur un ordinateur central équipés de dizaines de processeurs parallèles depuis la même session sur PC.
Les processeurs auxiliaires permettent même à des sessions de station de travail de communiquer efficacement avec des sessions du même langage sur mainframe, ou encore entre elles. Des calculs matriciels de très grande taille peuvent ainsi être distribués en réseau.
Les processeurs auxiliaires se codent le plus souvent en langage C.
Quelques-uns livrés avec IBM APL2[56] sont AP124 (adressage direct de l'écran, genre curses), AP127 et AP227 (resp. accès aux bases de données DB2 et ODBC), AP144 et AP145 (resp. adressages X-Window et Windows), AP200 (coordinations de sessions APL distinctes), AP207 (processeur de graphiques interactifs, utilisé par GRAPHPAK).
' | ( | ) | + | , | - | . | / | : | ; | < | = | > | ? | [ | ] |
\ | _ | ¨ | ¯ | × | ÷ | ← | ↑ | → | ↓ | ∆ | ∇ | ∘ | ∣ | ∧ | ∨ |
∩ | ∪ | ∼ | ≠ | ≤ | ≥ | ≬ | ⊂ | ⊃ | ⌈ | ⌊ | ⊤ | ⊥ | ⋆ | ⌶ | ⌷ |
⌸ | ⌹ | ⌺ | ⌻ | ⌼ | ⌽ | ⌾ | ⌿ | ⍀ | ⍁ | ⍂ | ⍃ | ⍄ | ⍅ | ⍆ | ⍇ |
⍈ | ⍉ | ⍊ | ⍋ | ⍌ | ⍍ | ⍎ | ⍏ | ⍐ | ⍑ | ⍒ | ⍓ | ⍔ | ⍕ | ⍖ | ⍗ |
⍘ | ⍙ | ⍚ | ⍛ | ⍜ | ⍝ | ⍞ | ⍟ | ⍠ | ⍡ | ⍢ | ⍣ | ⍤ | ⍥ | ⍦ | ⍧ |
⍨ | ⍩ | ⍪ | ⍫ | ⍬ | ⍭ | ⍮ | ⍯ | ⍰ | ⍱ | ⍲ | ⍳ | ⍴ | ⍵ | ⍶ | ⍷ |
⍸ | ⍹ | ⍺ | ⎕ | ○ |
Tous les caractères APL ne sont pas encore associés à une signification aujourd'hui (2020). GNU APL, Dyalog APL et NARS2000 en utilisent trois : ⍺ et ⍵, qui désignent le premier et le dernier argument d'une fonction, et λ qui en désigne le résultat. Exemple :
)FNS SUM ∇SUM[⎕]∇ [0] λ←⍺ SUM ⍵ [1] λ← ⍺ + ⍵
La définition de cette fonction se ferait par SUM ← { ⍺ + ⍵ }
. Celle de moyenne se ferait de même par moyenne←{(+/⍵)÷⍴⍵}
. Il s'agit bien de programmation fonctionnelle.
⍝ Surface d'un polygone en Dyalog APL surface←{÷∘2⊢-/{+⌿×/⍵}¨(0 1)(1 0)⊖¨⊂⍵} ⍝ définit la fonction "surface" surface↑⌽(0 3)(3 0)(0 0) ⍝ applique cette fonction à un triangle donné 4.5
⍺ et ⍵ représentent ci-dessus les opérandes d’une fonction. De même et par convention ⍺⍺ et ⍵⍵ représentent les fonctions sur lesquelles s’applique un opérateur.
Quelques implémentations comme NARS2000 proposent des utilisations mathématiquement puissantes d'autres symboles[57].
En , les principales polices APL téléchargeables depuis l'Internet sont les suivantes[58] :
Les caractères Unicode APL2 sont définis dans l'un des plans de la police Arial[60], et permettent donc de copier/coller directement de l'APL depuis une session de calcul (voire une page web) dans un traitement de texte ou l'inverse, ce qui était impossible commodément avant l'Unicode.
L'Unicode APL, encodé en UTF-8, permet de :
Les navigateurs Web honorent depuis 2010 l'affichage des caractères APL. Beaucoup de tablettes en sont capables en 2015.
La disposition du clavier APL d'origine pour les États-Unis avait été choisie pour des considérations mnémotechniques, par exemple ? associé au Q (Question mark) ⍴ (rho) au R, etc. Une question a été de savoir si le clavier APL français devait associer un caractère à la touche elle-même (? serait alors associe au A et non plus au Q) ou à sa signification (ce qui aurait eu pour effet de combiner les spécificités francophones aux spécificités d'APL.
La question est moins futile qu'elle ne le semblerait : l'usage d'APL demande beaucoup de concentration. Si lors des frappes de caractères cette concentration est interrompue par une interrogation sur la touche à frapper sur le clavier et/ou le modificateur à enfoncer (Shift, Alt ou Ctrl), l'usage de ce langage deviendra inefficace quelles que soient ses qualités au départ.
On peut aussi se créer une disposition de clavier sur mesures, que ce soit en Windows[61] ou en X-Window (setxkbmap -layout us,apl -variant ,dyalog -option grp:lswitch
, au détriment cependant de l'interopérabilité si on vient à utiliser d'autres machines que la sienne.
Ce document de 5 pages détaille une implémentation possible de clavier APL sous Linux :
L’apparition du tableur, plus intuitif et plus facile à manier, a fait disparaître une partie de l’intérêt du langage. Cela n’enlève rien pour autant à sa puissance d’expression et à sa concision, et plusieurs interpréteurs APL sont téléchargeables gratuitement sur Internet, pour le PC (Linux ou Windows) comme pour le Macintosh. Les caractères APL/APL2 sont présents dans l’Unicode[62].
APL traitant globalement les tableaux, ses implémentations tirent aisément parti des possibilités de calcul parallèle ou de pipeline des processeurs modernes. Elles utilisent extensivement les possibilités vectorielles du S/390 (zSeries), de l’architecture PowerPC (pipeline optimisé d'instructions similaires) et des instructions multimédia (SSE) de l’architecture Intel/AMD. Dans la mesure ou APL traite globalement les tableaux sans imposer le détail du traitement, plusieurs de ses primitives et opérateurs peuvent être implémentés en calcul parallèle CUDA, voire en calcul quantique[63], local ou distant si des circuits de calcul de ce type deviennent disponibles.
L'opérateur ∘ permet d'exprimer le produit cartésien entre deux vecteurs de données, donc toutes les combinaisons de leurs opérandes (opération en N^2) et ensuite l'opérateur / d'en comprimer le résultat selon une autre opération. L'ensemble exprime le calcul combinatoire demandé à ce calculateur, de même qu'une requête SQL exprime ce qui est demande à une base de données, sans avoir à rentrer dans le détail du calcul.
La version 17.0 de l'APL de Dyalog () utilise automatiquement les instructions vectorielles des architectures x64, POWER et ARM[64].
Deux successeurs d'APL sont le langage A+[réf. nécessaire], et le langage J, ce dernier ayant été promu par K. E. Iverson lui-même, et ne nécessitant pas l’usage de caractères spéciaux. APL possède toutefois une lisibilité supérieure, à condition de disposer de la police de caractères appropriée. La mise à disposition du langage lui-même n’aurait pas été possible dès 1969 sans les terminaux IBM à boule également nommés Selectric (par exemple le 2741). Sur les terminaux purement alphanumériques 2260, il fallait utiliser des mots-clés peu lisibles. Les terminaux 3270, dès le 3277, ont permis par la suite les jeux de caractères APL ainsi que les minuscules latines.
Pour information, des calculs sur un Celeron 300 MHz de 2004 s’effectuent à peu près en un dixième du temps de calcul qu’ils prenaient en 1970 sur un IBM 360/91. Le cœur de l’interpréteur tient entièrement dans le cache d'instructions d’un microprocesseur contemporain (2020)[65], donnant à APL des performances en exécution comparables à celles de langages compilés, comme dans cet exemple :
⎕cr 'test' test;s ⎕ts s←+/÷⍳1000000 ⎕ts test 2016 5 7 14 20 52 301 2016 5 7 14 20 52 350
On voit ici que le calcul du nombre harmonique H1000000 prend 49ms (350 - 301) dans le time stamp[66]. Ce calcul a été réalisé sur un Core i7 4500U, passmark de 3800 environ[67]. Il prend 36ms sur un Core i7 4790 au passmark de 10000 (à comparer, sur cette seconde machine, avec 13ms pour le même calcul en langage C et, curieusement, 13ms aussi en Dyalog APL 64 bits version 15).
Graphpak est un des espaces de travail fournis avec l'APL d'IBM et combinable avec toute autre application de l’utilisateur pour lui donner des possibilités d’entrée-sortie graphiques 2D comme 3D. La structure des appels du langage (pas de nécessité de parenthèses pour les appels de fonctions et de sous-programmes) permet de donner des ordres ayant une vague allure de langage naturel. Les éléments IBM et AP, fournis avec ce workspace, sont simplement des matrices contenant des coordonnées de points respectivement en 2D et en 3D, la première colonne spécifiant une indication de tracé (couleur et style), les autres les coordonnées en x, y et éventuellement z. Des fonctions permettent également les entrées graphiques avec la souris ou le trackpad.
Épargnant l’usage des indices et des boucles en multipliant les opérateurs, APL permet l'écriture rapide et concise d'expressions ou de programmes qui seraient bien plus longs avec un langage classique. Vu la compacité et la puissance du langage, quelques puristes ont considéré un temps que pour être « élégant », un programme APL ne devait pas dépasser une ligne de code. Ces programmes, nommés one-liners dans la revue de l'ACM APL Quote-Quad étaient les ancêtres des deulignes[70] de ce qui sera plus tard Hebdogiciel.
Quelques problème récréatifs étaient parfois posés. Par exemple « comment effectuer la somme des éléments d'un tableau A (en principe +/A) quand les touches + et / ne fonctionnent pas ? ». Une réponse possible était 1⊥A (évaluation de A comme un nombre exprimé en base 1 !). Un autre était : "trouver la façon la plus concise de calculer la moyenne d'un vecteur V (ordinairement noté (+/V)÷⍴V) avec pour réponse V⌹V=V.
Cependant, la multiplicité des glyphes, leur usage unaire ou binaire, les superpositions de caractères censées les exprimer à l'époque des terminaux électromécaniques[71] ont fait qualifier ce langage de cryptique. L'absence de mécanismes conditionnels amenait par ailleurs chacun à employer diverses astuces nuisant à la lisibilité et à la maintenance des applications, sauf à introduire des fonctions au nom aussi parlant que possible.
⎕cr 'if' z←a if b z←b/a 'bonjour' if 1<0 'bonjour' if 1<3 bonjour
Quelques cas très particuliers de sémantique partagèrent les différents éditeurs. Ainsi, si A, B et C sont trois vecteurs de trois éléments, doit-on comprendre l'expression A B C[2]
comme un vecteur de vecteurs ayant pour éléments le vecteur A, le vecteur B et le scalaire C[2] ? Tel est le choix d'interprétation de NARS2000. C'est également celui de GNU APL, comme celui d'IBM pour son APL2.
Dyalog, premier à introduire les tableaux de tableaux dans un APL commercial, avait alors fait le choix inverse et considérait l'expression comme équivalente à B
. Bien qu'il suffise d'utiliser des parenthèses pour éviter toute ambiguïté, cet éditeur qui ne souhaitait pas introduire de problèmes de portage introduisit une variable système nouvelle, ⎕ML (migration level). Si cette variable est à 0, l'interprétation Dyalog s'applique. Sinon, c'est l'interprétation générale. Par ailleurs, la valeur de cette variable système peut être différente dans des fonctions différentes qui lui donnent une valeur locale (dans un écosystème de fonctions, par exemple), ce qui permet une interopérabilité souple.
APL n’a jamais officiellement connu les tables associatives, indexant un tableau avec autre chose que des valeurs entières, incorporées dans d'autres langages interprétés (Perl, Javascript, PHP...). On ne peut donc pas écrire :
CAPITALE[⊂'FRANCE']←⊂'PARIS'
ou, pour rester dans le vectoriel,
CAPITALE['FRANCE' 'ESPAGNE' 'ITALIE']←'PARIS' 'MADRID' 'ROME'
ce qui est contraignant, car :
Il est peu ergonomique de contourner cette lacune au prix de variables supplémentaires, par exemple : FRANCE←32 (dès lors, CAPITALE[FRANCE]←⊂"PARIS". Si le pays provient d'une saisie, l'indice peut être retrouvé par "execute" : ⍎"FRANCE" qui rend 32, mais l'application perd en robustesse et on encombre inutilement la table des symboles (APL/X contourne la difficulté par des namespaces).
Une autre manière est de définir un vecteur des noms de pays : PAYS ←'BELGIQUE' 'FRANCE' , l'instruction devenant alors : CAPITALE[PAYS⍳⊂'FRANCE']←⊂'PARIS'
Mais en ce cas, indépendamment de la lisibilité plus faible, le temps d'accès n'a plus le moindre rapport avec un accès direct de type « hash » en Perl ou PHP, surtout si s'il y a des centaines de noms. Non seulement la lisibilité des programmes n'y gagne rien, mais leur facilité de maintenance s'effondre compte tenu des variables surajoutées au programme.
Ce besoin est pris en compte dans les objectifs du projet NARS[73]. Dyalog APL permet de le contourner par son mécanisme non-standard des espaces de noms (namespaces)[74].
Dyalog propose quelques espaces de travail et documentations PDF sur l'approche objet en APL, ainsi que sur la programmation fonctionnelle. Un exposé particulièrement clair sur APL en tant que notation algébrique rendue plus cohérente qu'en algèbre classique, et incluant des éléments de programmation fonctionnelle et effectué chez Google par Morten Kromberg est visible ici.
Sans avoir besoin d'installer APL, on peut l'essayer sur cette page : http://tryapl.org/ pour frapper quelques expressions, les exécuter et en examiner le résultat (illustration de gauche).
Pour inclure dans la ligne de test les caractères APL de son choix, on les clique dans la partie de gauche de l'écran (onglet "Primer"). La variable système ⎕PP (printing precision) spécifie le nombre de décimales à afficher. D'autres variables sont ⎕IO (index origin, 0 ou 1), ⎕TS (time stamp, horodatage), etc. Des suggestions d'expression à exécuter sont proposées lorsque le pointeur de la souris passe au-dessus de tel ou tel caractère, entre autres les opérateurs de tri croissant et décroissant, ⍋ (grade up et ⍒ (grade down). La ligne frappée est exécutée lorsqu'on presse la touche Envoi (retour ligne), à la suite de quoi le résultat de l'exécution s'affiche et une nouvelle expression peut être introduite.
Cette page TryAPL est proposée par une société, Dyalog, qui autorise à télécharger gratuitement une version complète de son interpréteur (version 32 bits ou 64 bits) pour des usages personnels et non commerciaux. Chaque version gratuite est "tatouée" par un numéro de série attribué à titre personnel au demandeur. Pour les usages autres que personnels existent aussi des licences d'entreprise.
((ρL)ρ⍋⍋LιL,R)ι(ρR)ρ⍋⍋LιR,L
)box on
permet en NARS2000 d'effectuer un ⎕fmt
automatique chaque fois que nécessaire, ce qui facilite l'apprentissage d'APL (Les boîtes s'affichent correctement avec la police SimPL, utilisable dans LibreOffice mais pas encore dans Wikipédia).